Graveurs de Mémoire, L’Harmattan, 2021
« Savais-tu que j’ai grandi au Congo ? » me disait-elle au début de nos rencontres. « J’ai grandi dans le ventre du Congo… je suis une vieille Congolaise, une fille de l’équateur, des forêts. » Lilyan avait découvert les splendeurs de ce pays en voguant, alors enfant, sur le steamer de son père, ce grand bateau à vapeur à fond plat, avec ses grandes roues. Comme il y en eut sur le Mississippi. Elle était sur le pont en haut, les Noirs en bas avec les marchandises. C’était comme ça, l’habitude. « Je ne savais pas que cette séparation portait un nom : la ségrégation… Je trouvais cela normal. » Est-ce pour expier cette innocente ignorance que cette Belge aux origines ostendaises devint une spécialiste incontournable de la négritude et de sa littérature qui n’intéressait personne dans les années cinquante ?
Lilyan Kesteloot et Ari Gounongbé ont écrit Les grandes figures de la négritude – Paroles privées édité chez l’Harmattan en 2007.