Essai, Presses Universitaires de France, janvier 2014
Par ces temps où les concepts d’empathie et de compassion sont souvent traités par de nombreux essayistes (Jeremy Rifkin, Serge Tisseron, Jacques Hochmann, Paul Audi, Karen Armstrong), l’auteur s’emploie à mettre en évidence l’usage qu’il en a fait au cours d’interventions de clinique de l’extrême, là où la logique de survie prend le pas sur celle de la vie. La fatigue de compassion, c’est certainement la sienne dont il est question ici, mais c’est aussi celle des nombreux intervenants auprès de personnes en détresse que l’auteur a lui-même soutenus dans leurs missions d’assistance psychologique et de soins médicaux. Comment secourir sans succomber aux détresses d’enfants abandonnés dans la rue, de parents ayant perdu leurs proches dans une catastrophe de masse, de rescapés de catastrophe de masse, de malades du sida
Soutenu par des travaux de philosophes, de psychologues et de psychanalystes, l’auteur examine d’abord les concepts de compassion et d’empathie en considérant cette dernière comme étant l’outil de mise en oeuvre de la première. Le groupe, sous forme de groupe de parole, a été interrogé dans sa pertinence comme outil d’accompagnement et de soutien aux intervenants plongés au coeur de l’action compassionnelle. L’auteur s’est attaché ensuite à décrire l’adéquation de cet outil de travail à certaines situations spécifiques : comment s’exprime l’accompagnement compassionnel quand la souffrance du stressé renvoie l’aidant à ses propres souffrances ? Que devient la compassion comme outil de soins quand, en tant que citoyen et clinicien, une catastrophe de masse est provoquée par nos habitudes d’irresponsabilité et de cupidité ? Comment mettre en oeuvre la compassion quand, à travers le sida, des situations cliniques interpellent vivement l’humain dans ce qui le fonde à savoir le sexe